Salut à tous !
Improviser en musique est une discipline qui fait peur à beaucoup de débutants. Si vous êtes dans ce cas, rassurez vous ! Pas besoin d’être un Mozart ou d’avoir fait 10 ans de conservatoire pour être un dieu de l’improvisation. Il suffit de suivre quelques bases.
Base 1 : La Gamme Pentatonique
C’est LA gamme qu’il faut travailler par excellence ! Elle a l’avantage de s’appliquer à tous les morceaux (en tout cas à la grande majorité de ceux que vous entendez à la radio).
Qu’est-ce que la gamme pentatonique ? C’est tout simplement une gamme majeure à laquelle on retire les degrés IV et VII.
Si on est en Do, on retire le Fa et le Si , ce qui donne :
Do Re Mi Sol La
Il n’y a plus que cinq notes, d’où le nom : pentatonique. (Penta voulant dire 5 en Grec).
Travaillez cette gamme dans toutes les positions et toutes les tonalités et vous verrez que vous allez commencer à être à l’aise partout.
J’aborderai la gamme pentatonique plus en détail dans un prochain article.
Base 2 : Jouer lentement et mettre des silences
On a tous l’image du guitar hero, du pianiste ou du saxophoniste virtuose qui débite 3000 notes à la seconde et du coup on veut les imiter.
On finit par débiter une montagne de notes qui ne sont pas forcément en rythme et ça fait brouillon.
Un autre problème c’est qu’on a peur de laisser des silences de peur que les autres prennent ça pour de l’hésitation (décidément la musique a beaucoup de similitudes avec le langage). Il va vous falloir surmonter cette peur et essayer quand même de placer des silences.
Commencez par des figure rythmiques simples et plus posées. Faites durer les notes, laissez des silences et vous verrez que vous serez moins stressés. Vous aurez le temps de réfléchir à ce que vous allez faire, votre solo sera beaucoup plus propre et vous vous exprimerez davantage en prenant plus de plaisir.
Base 3 : Le jeu rythmique et le jeu mélodique
Je vous propose deux exercices issus de deux façons de jouer différentes.
Le Jeu Mélodique
Vous n’avez le droit de placer que 3 sons toutes les 4 mesures. Il faudra donc faire des notes longues, bien choisir les notes que vous voulez mettre en valeur et bien choisir le moment pour les jouer.
Le Jeu Rythmique
Vous n’avez le droit d’utiliser que 4 notes de votre choix mais vous pouvez les jouer autant de fois que vous voulez. Vu que le nombre de notes est limité, vous avez tout intérêt à jouer sur le rythme et plus précisément sur les figures rythmiques pour casser la monotonie.
Jouez sur les contre-temps, explorez et lâchez vous !
J’ai remarqué que les meilleurs solos n’étaient pas forcément ceux où il y avait le plus de notes mais ceux qui étaient le mieux calés sur le temps et les plus innovateurs rythmiquement.
À méditer : vous pouvez très bien faire un solo de fou de deux notes rien qu’avec le rythme 😉
Base 4 : Travailler ses intervalles favoris
Une autre clef, c’est les intervalles.
Choisissez les intervalles que vous préférez et travaillez-les sur votre instrument.
Le choix de l’intervalle dépendra surtout de vos goûts et de ce que vous voulez jouer. Si vous aimez le jazz je vous conseille surtout de travailler les tierces et les arpèges 1, 3, 5, 7 comme le dit Philippe Troisi dans son interview.
Si comme moi vous aimez les intervalles doux, je vous recommande les sixtes et les neuvièmes.
L’idée est très simple (en pratique c’est autre chose). Vous prenez une gamme ou un mode et vous la montez par tierces, quarte, sixte, ou l’intervalle que vous avez choisi.
Exemple : Gamme de Do Majeur en tierces
Do Mi Re Fa Mi Sol Fa La Sol Si
Pour les plus warriors d’entre vous vous pouvez alterner les montées et les descentes.
Do Mi — Fa Re –etc.
Le fait de bosser vos intervalles dans tous les sens va vous permettre d’être à l’aise sur la gamme et de jouer des choses qui plaisent à votre oreille.
Base 5 : Relever des phrases
Là on rentre dans le nerf de la guerre de l’improvisateur virtuose. C’est bien beau de faire des gammes mais l’idées c’est d’associer les notes (mélodiquement et rythmiquement) pour faire quelque chose qui nous touche et qui touche les autres.
C’est le moyen d’apprentissage à la fois le plus puissant et le plus efficace que je connaisse pour devenir un grand improvisateur et un grand musicien.
Il suffit d’écouter les musiciens qui vous plaisent, de relever leurs solos, leurs phrases et de les rejouer autant de fois qu’il faudra pour les intégrer à votre jeu.
Petit à petit votre inconscient va intégrer les façons de jouer qui vous plaisent et en mélangeant vos influences vous allez construire petit à petit un style qui vous est propre et sortir du lot..
C’est le plus vieux et le plus direct des apprentissages : l’apprentissage par imitation.
Base 6 : Reproduire ce que l’on chante
Pour être au top de votre expression musicale, vous allez devoir synchroniser votre cerveau et vos doigts. C’est à dire que vous devez être capables de reproduire avec votre instrument toutes les mélodies qui vous passent par la tête.
L’objectif est ambitieux mais l’exercice est simple. Mettez un playback,, chantez les mélodies qui vous passent par la tête et essayez de les reproduire avec votre instrument.
Si vous n’êtes pas à l’aise avec le fait d’improviser des mélodies en chantant, commencez par reproduire des mélodies qui vous plaisent.
Le problème, c’est qu’on a tendance à se laisser guider par nos doigts et pas par notre esprit. Du coup, on risque de jouer des choses pas très adaptées au playback ou aux autres musiciens. L’idéal c’est de combiner les deux en entraînant votre esprit à créer de belles mélodies et vos doigts à les jouer.
Base 7 : Ne pas regarder son instrument
Si vous débutez, vous allez forcément devoir regarder votre instrument pour mémoriser certaines positions ou certaines gammes. Sauf que la musique se pratique avec les oreilles et pas avec les yeux.
Détachez-vous peu à peu de la manie de regarder votre instrument : fermez les yeux ou regardez le plafond. Vous verrez que vos mélodies seront plus spontanées, vous serez plus attentifs aux autres musiciens, à ce qu’il se passe dans le morceau et le rendu sera bien meilleur.
Voilà pour les 7 bases ! Dites moi dans les commentaires quelles difficultés vous rencontrez lorsque vous improvisez !
A Bientôt
Tom
Très bon article qui aborde un sujet essentiel !
J’ai particulièrement aimé les deux derniers conseils : « reproduire ce que l’on chant » et « ne pas regarder son instrument ».
Tu as raison de souligner que la musique est avant tout une question de ressenti, pas de jouer des bouts de gammes sans âme.
A propos de ce que tu dis dans le 3ème point : « Le jeu rythmique et le jeu mélodique », j’ai écrit un article qui explique justement les avantages de se limiter à jouer peu de notes :
Lien de l’article :
http://musicienrebel.fr/limitation-utile-en-guitare/
Félicitations chers professeur ça me va au cœur, et cela va m’aider à développer mon intuition musical
Cet article s’intitule « La limitation utile » et est sur le blog MusicienRebel.fr
J’ai beaucoup l’envie de jouer la guitare avec les personnes qui chantent mais j’en sais pas comment pourais le faire?
Prends des cours et entraine toi !
Merci pour ces conseils qui confirment ce que je fais au sax. Effectivement chanter des impros c est bien. Le plus difficile c est de reproduire la même chose avec l instrument. Et puis avec le temps j évite un débit de notes trop important. Piège à éviter. Merci encore
merci pour le blog
moi par contre je gratte mes textes avant des les poser sur l’instrumental
Je perd le souffle en râpant, et il y’a quelques expression que j’ai du mal à exprimé
Réduis la taille de tes phrases !
Bjr c’est bbenn,
Moi m’à difficulté c’est que j’ai l’impréssion de jouer trop souvent.
J’accompagne un groupe de chant gospel au rythme assez posé. Comment dois-je faire pour donner de la valeur à mes interventions? Et quand dois-je intervenir dans les chants?
Quand tu accompagnes ton groupe c’est pas toi que tu dois mettre en valeur mais les chanteurs… Vois avec ton groupe si tu ne peux pas caller des solos ! Sinon change de métier et deviens soliste si tu veux te mettre en valeur ! Perso j’étais guitariste dans un groupe j’étais frustré de ne pas chanter mes propres textes et qu’on vienne toujours féliciter la chanteuse (on a tous un égos) alors j’ai arrêté !
Super, je cherchais un truc de ce genre pour decoller
Félicitations et merci beaucoup, suis un violoniste Rabby mombo, je suis sûr et certain que ces 7 bases me développera l’intuition musicale.
Pour moi l’improvisation si je devais enseigner je commencerai par ne rien faire et écouter. L’écoute profonde et naturelle des sons. Par exemple le chant des oiseaux finement de jour en jour, le vent, les rivières. Je laisserai un temps, le temps qu’il faut l’instrument. Puis dans cette écoute je porterai mon attention sur mon corp pour le sentir , apprécier là ou il est. Je me connecterai à mon souffle et au mouvement. J’apprendrai à avoir confiance dans le silence mais aussi à ne rien faire et laisser venir. Ainsi je développerai une attitude moins volontariste petit à petit et une présence qui ouvre à l’accueil. Peut être je pourrai aller plus loin et recommencer à écouter des musiques non tempérées en résonance juste que je chanterai sur une corde. Faudra t’il que j’aille faire un petit voyage pour entendre le chant des pygmés dans la foret? Peut etre au bout je ne ferai peut etre plus de musique et me contenterai de la musique des vagues et de la solitude ? En tout cas l’improvisation pourrait m’aider à décoloniser mon esprit et la vie serait une improvisation de la vaisselle à ma guitare, laissant place à un inconnu, un imprévisible et une musique moins instrumentalisé par la technique.